Finance durable
Dans ce projet, nous explorons l’influence des obligations vertes sur les choix des firmes en matière de projets d’investissement « verts ». De plus, nous quantifions l’impact environnemental et social des avoirs en portefeuille des investisseurs institutionnels et vérifions s’ils investissent de manière responsable comme ils prétendent le faire. Le projet porte sur les moyens d’améliorer l’accès aux marchés des capitaux pour les instruments d’investissement en microfinance et les institutions de microfinance ainsi que sur la possibilité de mettre en place une bourse sociale suisse ou « Swiss Social Stock Exchange ».
Contexte
Bien que les connaissances en finance durable se développent rapidement, l’économie classique continue à affirmer que les firmes ont pour seul but la maximisation du profit, et ce, indifféremment des aspects environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG). Dans cette continuité, la recherche a négligé d’étudier l’impact des investisseurs institutionnels, tels que les banques et les fonds de pension, sur les facteurs ESG. Finalement, la création d’une bourse sociale suisse permettant de soutenir financièrement des initiatives en microfinance est toujours attendue.
But
Le but de ce projet est de s’appuyer sur l’état actuel de la recherche et d’y contribuer d’un point de vue scientifique et pratique. Pour ce faire, nous entendons augmenter à la fois la quantité et la qualité des connaissances académiques, imaginer des politiques durables basées sur des preuves scientifiques tangibles et mettre en place une bourse sociale suisse opérationnelle. Cette bourse durable soutiendra financièrement des initiatives ESG en proposant des opportunités de financement aux instruments d’investissement en microfinance et aux institutions de microfinance.
Résultats
Le premier sous-projet montre qu’une certification en matière de finance verte permet aux dirigeant·es d’afficher l’efficacité de leur entreprise dans le cadre de la transition énergétique. Dans notre modèle d’émissions d’obligations vertes, cela permet d’inciter davantage à la décarbonisation. Selon ce modèle, plus les dirigeant·es d’entreprises s’intéressent au cours des actions, plus ils sont enclins à émettre des obligations vertes. Nous testons cette hypothèse en exploitant des différences intersectorielles dans la sensibilité des cours boursiers à la rémunération des dirigeant·es ainsi que les variations entre pays des prix effectifs du carbone.
Le second sous-projet, qui porte sur l’impact des investisseurs institutionnels en matière de durabilité, donne les résultats clés suivants :
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Les investisseurs institutionnels jouent un rôle important dans la promotion du développement durable dans l’économie.
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Certains investisseurs institutionnels prétendent promouvoir le développement durable, mais ne le font pas en réalité.
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D’un point de vue méthodologique, nous pouvons observer l’hétérogénéité des notations des fournisseurs de données ESG.
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Une grande amplitude dans les notations ESG est perçue comme une source supplémentaire d’incertitude par les investisseurs financiers.
Le troisième sous-projet, qui porte sur la microfinance durable, donne les résultats clés suivants :
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L’énergie solaire hors réseau permet d’avoir accès à une énergie non seulement moderne et durable, mais aussi avantageuse et fiable. Dans le Sud, c’est une solution appropriée pour les entreprises familiales à faible revenu n’ayant pas recours à des services bancaires (Objectif de développement durable no 7, ODD no 7).
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L’accès à la finance est indispensable pour garantir l’approvisionnement en énergie solaire hors réseau.
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Ces dix dernières années, des progrès substantiels ont été accomplis dans le domaine de l’ODD no 7 et la moitié d’entre eux sont dus à des start-up spécialisées dans l’énergie solaire hors réseau qui touchent quelque 500 millions de foyers.
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Les systèmes de financement par répartition connaissent un franc succès et bénéficient de 85 % de tous les investissements dans le solaire. Toutefois, étendre ce système reste difficile, notamment en raison des défis posés par le Covid-19.
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En matière d’énergie solaire hors réseau, la crise mondiale provoquée par la pandémie freine la capacité des clients à payer, impacte la chaîne de valeurs et gèle les flux de capitaux injectés dans ce secteur.
Le dernier sous-projet, qui se concentre sur la création d’une bourse sociale en Suisse, donne les résultats suivants :
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À l’échelle mondiale, il existe un vaste marché à la fois pour les entreprises sociales et les investisseurs à impact social.
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Les initiatives existantes visant à créer des bourses sociales ont montré que la mise en place représentait un défi.
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Une bourse sociale suisse performante doit établir des partenariats stratégiques et se concentrer sur la vérification de l’impact, la constitution d’une clientèle potentielle et la mesure de son impact.
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Il n’est pas recommandé de développer une infrastructure complète et autonome de zéro.
Implications pour la recherche
Nous avons défini les principales implications suivantes pour la recherche :
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L’effet de l’incitation pour les gestionnaires à émettre des obligations vertes grandit avec les pénalités liées au carbone. Nos résultats suggèrent que les obligations vertes complètent les taxes carbone, mais ne les remplacent pas.
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Il est important de détecter et de mesurer les externalités en lien avec le greenwashing parmi les investisseurs institutionnels qui utilisent la finance durable comme un moyen commercial d’attirer les capitaux de clients peu renseignés.
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L’intelligence collective des parties prenantes dans le secteur de l’énergie solaire hors réseau permet vraisemblablement d’aider le secteur à résister aux répercussions à long terme de la pandémie de Covid-19.
Implications pour la pratique
Nous avons défini les principales implications suivantes pour la pratique :
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Les outils en lien avec la finance verte doivent s’accompagner de systèmes de compensation verts qui inciteront directement les gestionnaires à décarboner leur activité.
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Les gestionnaires d’actifs ne peuvent pas uniquement s’appuyer sur les labels de développement durable quand ils évaluent la performance des gestionnaires de placement en matière de durabilité.
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Le secteur du solaire hors réseau devrait engendrer plus de concentration et de spécialisation. Il est possible que la pandémie de Covid-19 réduise le nombre d’investisseurs et influence leur propension à prendre des risques, ce qui augmente les perspectives de financement mixte.
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La création d’une bourse sociale suisse performante nécessitera une approche entrepreneuriale plutôt qu’une approche traditionnelle via une ONG.
Publications
Direction du project
Prof. Dr. Jean-Charles Rochet
University of Geneva and Swiss Finance Institute, Geneva
Prof. Dr. Rajna Gibson Brandon
University of Geneva and Swiss Finance Institute, Geneva
Prof. Dr. Bernhard Balkenhol
University of Geneva, Geneva
Partenaires du projet
iGravity
IMPAAKT
Principles for Responsible Investment
Sustainable Finance Geneva